Aaltra

Publié le par jujube

Aaltra

 

 

De Benoît Delépine et Gustave Kervern

 

 

France/Belgique, 2003, 1h33

 

 

Avec Benoît Delépine, Gustave Kervern, Jan Bucquoy

 

 

 

 

 

 

Une campagne isolée, quelque part dans le nord de la France. La cohabitation est difficile entre deux voisins qui se font face. Ils se dérangent et se détestent. Une violente dispute se termine à l'hôpital à cause d'une benne agricole qui s'est écrasée sur eux pendant leur bagarre. Ils sont paralysés des deux jambes et sortent de l'hôpital en chaises roulantes. Après réflexion, chacun renonce au suicide et ils se retrouvent par hasard sur le quai de la gare. Voisins malgré eux, encore. Commence alors pour eux un voyage improbable et atypique.

 

 

Objectif : aller réclamer des indemnités au constructeur du matériel agricole qui se trouve en Finlande. Ces deux paralytiques vont vivre un véritable parcours initiatique : la découverte de son voisin.

 

 

 

 

Autant le dire de suite: Aaltra n'est pas un film ordinaire. Loin d'adaptater au cinéma leurs potacheries télévisuelles, Benoît Delépine et Gustave Kervern, les deux trublions grolandais, décident d'entrer dans le 7ème Art par la grande porte, et  prennent pour caution artistique rien moins qu'Aki Kaurismäki en personne. ils nous pondent ici un road-movie déjanté, une comédie noire en noir et blanc, un pur concentré de bizarreries cinématographiques, dont l'histoire n'a rien à envier à l'Histoire vraie du grand David Lynch. Aaltra commence avec la haine ordinaire de deux hommes. Deux voisins. Et jusque là tout va bien. On peut les observer de loin s’enliser d’ennui, se détruire mutuellement. Jusqu'à l'évenement qui bouleverse leur vie, la chute d'une benne agricole de la marque finlandaise Aaltra sur leur tête d'imbéciles malheureux. Commence alors le fameux road-movie, où les deux compères se délectent à nous montrer l’Homme dans toute sa splendeur. L’indigence des personnages - de plus en plus irascibles au fur et à mesure de l’avancée de leur périple et de leurs rencontres singulières -, les dialogues réduits au minimum, les paysages sordides, tout nous entraîne vers l’inconnu. On éprouve de la pitié pour les personnages? Ici, chacune des séquences nous tient en laisse et nous empêche de nous installer dans la compassion. Et elle nous revient dans la figure, notre bonté d'âme, et on ne sait plus trop quoi en faire, devant cette atypique galerie de portraits. Car ici, les handicapés sont juste normaux, un peu cons, un peu méchants, parfois drôles, donc terriblement humains. Allez donc les découvrir, ces humains, accompagnez-les jusqu'à leur destination: vous vous trouverez des points communs. J.D.

 

 

Publié dans MON CINEMA

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