Mon ami Machuca

Publié le par jujube

Mon ami Machuca

 

 

Un film de Andrès Wood

Chili/Espagne/France/G.B., 2003, 2h

 

 

 

Santiago du Chili. 1973. Deux enfants âgés de 11 ans : Gonzalo Infante, issu des beaux quartiers, et Pedro Machuca, qui survit dans un bidonville…

Alors que tout les oppose, les deux garçons se rencontrent sur les bancs de l’école grâce à l’initiative idéaliste du Père Mac Enroe : permettre aux enfants de milieu défavorisé d'intégrer le collège catholique très huppé qu'il dirige. Son but : apprendre à tous le respect et la tolérance au moment où le climat politique et social se dégrade dans le pays. Parmi les parents des enfants, certains approuvent, d’autres crient au scandale.

De cette atmosphère fiévreuse naît une amitié profonde entre les deux garçons qui partagent un premier amour, des rêves de justice et un instinct de rébellion. Ensemble, ils seront les témoins impuissants du coup d'Etat sanglant qui signe la fin de l'époque d'Allende…

 

 

 

L’inspiration autobiographique du projet ne fait pas de doute puisque le cinéaste, qui avait huit ans en 1973, a puisé dans ses souvenirs la source du scénario. Un contexte historique traité avec finesse et nuance, des personnages assez marqués, tels ce fiancé fascisant ou ces parents d’élèves réactionnaires plus férus de bondieuserie que d’égalité des chances.

 L’amitié entre le riche et le pauvre est filmée sans sensiblerie et donne droit à des séquences réussies : l’embarras du petit bourgeois dans les toilettes du bidonville, la bienveillance de sa mère découvrant le petit Machuca dans la chambre de son fils et l’acceptant sans problème en dépit de ses préjugés sociaux ou encore les gamins passant d’une manif anti-Allende à une autre de ses partisans pour vendre des drapeaux.

Comme l’iceberg de Titanic, Pinochet et ses sbires font sombrer tout ce petit monde mais ici, seules les masses trinqueront. Gonzalo échappe de justesse à une razzia militaire grâce à ses vêtements chics, quand Machuca voit sa sœur assassinée par un sous-officier.

Œuvre délicate qui réussit à concilier étude de mœurs intimiste et témoignage historique, Machuca est le troisième long métrage de Andrés Wood, qui signe un beau portrait d’enfants, dans la lignée de Louis Malle (Au revoir les enfants) et Comencini. On attend avec intérêt la suite de la filmographie de ce cinéaste classique sans être académique. J.D.

Publié dans MON CINEMA

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