Tabac et cinéma

Publié le par Jujube

Interdiction du tabac
Le cinéma à la traîne

Second-sujet-tabac-et-cin--ma-copie-1.jpg
 
Clopin-clopant, le tabac s’éloigne doucement de notre quotidien, l’interdiction récente de fumer dans les bars, discothèques et restaurants y étant pour beaucoup. Mais qui se souvient qu’à une époque pas si lointaine (avant la loi Evin de 1991) on fumait encore dans les salles de cinéma ? En fait, le spectateur reproduisait simplement ce qu’il voyait à l’écran ! C’est que, depuis le début, tabac et cinéma ont toujours fait très bon ménage, les grandes compagnies ayant très vite compris l’intérêt du star-system et l’incroyable atout d’utiliser telle ou telle vedette tabacophile. La cigarette est vite devenue l’élément indispensable du glamour pour les demoiselles et du ténébreux pour les messieurs, au point que toute mémoire de cinéphile comporte au moins une image de Rita Hayworth tirant sur son porte-cigarette ou de Humphrey Bogart clope au bec. Une époque révolue ? Pas si sûr finalement, car bien que la publicité pour la cigarette ait été interdite dans les magasines de cinéma depuis 1991, les photographes travaillant pour de grands mensuels de ciné ne voient aucun mal à faire prendre la pose à Sharon Stone ou Alain Chabat toutes fumées dehors.
 
Les scénaristes d’aujourd’hui, estiment souvent que glisser une cigarette dans la bouche d’un personnage lui donne une profondeur, une épaisseur (à l’image du récent « Secret sunshine » -photo-). Enlevez la clope, et on n’a plus en face de nous qu’un pauvre type les bras ballants…
Et qui va au cinéma ? Les ados, qui comptabilisent le quart de la fréquentation des salles obscures. Selon une sérieuse étude américaine relayée par l’OMS, 77 % des films catégorisés « 13 ans et + » montre au moins un acteur qui fume (50 % d’augmentation depuis 1998), dont 53 % un acteur principal, et 84% des films « 17 ans et + » en montrent aussi. Les adolescents non-fumeurs, dont les acteurs préférés fument à l'écran, adoptent 16 fois plus que les autres des attitudes positives à l'égard du tabac. 31% des adolescents qui ont vu plus de 150 scènes où l'on fume à l’écran ont eux-mêmes expérimenté la cigarette, contre 4% seulement des adolescents qui ont vu moins de 50 scènes. L’industrie du tabac a juré aux grands dieux qu’elle ne procédait plus à aucun lobbying auprès des studios, n’empêche que cette même étude estime que les films qui présentent des fumeurs génèrent des profits de 894 millions de dollars par an.
Des mesures ont récemment été prises par les studios américains, à l’exemple de Disney, qui le 27 juillet dernier a décidé de bannir la cigarette dans ses films, et de mettre un avertissement sur ses DVD, au même titre que l’alcool, la violence ou les drogues.
Ce qui amène en fait à l’excès inverse : sous prétexte de protéger nos chères têtes blondes d’une influence néfaste, on se cabre sur ses grands chevaux vertueux et on oublie que le cinéma n’est qu’un reflet de la réalité. De quoi auront l’air les reconstitutions d’époque près vingt-et-unième siècle, si on remplace la Gauloise des gangsters par des sucettes à la fraise, où les cigarillos des cowboys par des nounours à la guimauve ? Déjà par le passé, Lucky Luke était passé par là, puisque son mégot fut remplacé illico par un brin d’herbe… Alors oui, le cinéma fume plus que la société, et il serait temps qu’il se mette à la page…mais il devra le faire en douceur, et surtout sans tomber dans le politiquement correct. 

J.D.
 

Publié dans MON CINEMA

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article