Cow-Boy: Poelvoorde en crise

Publié le par Jujube

«Cowboy » actuellement au cinéma
Poelvoorde en crise
 
« Il est trop tôt pour se dire qu'il est trop tard pour être heureux. » Paroles du générique de fin de Cow-boy, du belge Benoît Mariage, qui sort cette semaine sur nos écrans. Un film ironique, pathétique, fragile, faisant le portrait d'un homme en crise, Daniel Piron, journaliste has been qui veut retrouver les protagonistes d'une prise d'otages pour faire un film sur l'évolution de la société. Au front, Benoît Poelvoorde, qui, le temps d’un film, retrouve sa Belgique natale et son et son grand ami Mariage, qui l’avait déjà fait tourner dans « Les convoyeurs attendent », le premier film du réalisateur en 1999. Que de chemin parcouru depuis « C’est arrivé près de chez vous », le film qu’il tourna avec deux potes et trois fois rien en 1992, et qui passa miraculeusement la frontière de sa ville pour inonder les festivals européens. En 16 ans de carrière, le spectateur de télé puis de cinéma va voir et réclamer du Poelvoorde. Des pitreries cyniques de Monsieur Manatane aux chorégraphies cloclotesques de Podium, du short en lycra du « Vélo de Ghyslain Lambert » au slip moulant des « Portes de la Gloire », Poelvoorde, comme ses collègues José Garcia ou Gad Elmaleh, s’empare des écrans et devient « bon client » chez Arthur ou Cauet. Il excelle dans l’exercice promotionnel, enchaîne les vannes, parle beaucoup, gesticule, tout pour éviter de parler de lui. Jusqu’à cette année 2007 où Benoît s’était mis en tête de travailler. Beaucoup. La preuve, il est successivement à l’affiche des « Deux Mondes » (déjà sorti), de « Cowboy », de la machine « Astérix aux Jeux Olympiques » (janvier 2008) et des « Randonneurs à St Tropez », suite attendu du film de Philippe Harel (avril 2008). Résultat, Benoît est très fatigué : « j'ai fait quatre films cette année. J'ai bien travaillé sur chaque. Je devrais être heureux, épanoui. Or, pour des raisons personnelles, je me suis rendu compte que j'avais été droit dans le mur… ». Un mur qu’on aurait presque vu avant lui, à le voir courir sur tous les plateaux, travailler ave des réalisateurs qui emploient mal son talent (les « Narco », « Tu vas rire mais je te quitte »,« Du jour au lendemain » et on en passe). Car on le dit tout net, Poelvoorde n’est pas drôle. Grincant, oui. Emouvant, oui. Inquiet, certainement. Il est de ces comédiens qui se sont crée une carapace de bonheur forcé qu’ils ne demandent désespérément qu’à briser. Ce fut le cas grâce à Anne Fontaine et le très joli « Entre ses mains ». C’est aussi le cas avec Benoît Mariage et « Cowboy ». Comme si ce retour aux sources belges était une bouée de sauvetage dans le torrent de sa vie. Car ce Daniel Piron, cet homme obligé d’atteindre ses limites pour savoir qui il est, c’est un peu lui. On en est sûr, Poelvoorde est à un tournant de sa carrière.Cela rejaillira sur ses choix à venir. Preuves immédiates : il a refusé de faire Cinéman, de Yann Moix, et il promet de tourner son propre film. Un film belge, bien entendu.





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De Benoît Mariage, Belgique/France, 2005,
Avec Benoît Poelvoorde, Gilbert Melki, Julie Depardieu, Bouli Lanners, François Damiens…
 
Daniel Piron, ancien militant gauchiste devenu journaliste d'une émission TV de sécurité routière a, croit-il, une idée de génie quand il décide de réaliser un documentaire sur un vieux fait divers : un preneur d’otages qui a détourné un bus scolaire pour l'amener sur le parking de la RTBF. Il veut donc réunir le preneur d’otage et ses victimes, presque trente ans plus tard. Hélas pour lui, non seulement le preneur d’otages en question est devenu un gigolo, mais surtout, il découvre qu’il n’a pas l’étoffe nécessaire à son projet. Piron est alors tenté de manipuler les faits pour parvenir à ses fins…
Les belges Benoît Mariage et Benoît Poelvoorde se retrouvent une nouvelle fois pour le meilleur… et pour le meilleur. Un mariage de passion qui fonctionna jadis pour « Les convoyeurs attendent », entre un Mariage soucieux de capter au plus près les bonheurs hypocrites, les déboires et imperfections des « petites gens » comme ils les appellent (il fut documentariste pour l’émission « Striptease »), et un Poelvoorde toujours naviguant entre débordements comiques et vaguelettes de souffrance profonde. Lunettes rondes et barbe touffue, il retrouve ses racines belges les plus enfouies et joue de ce personnage écrit pour lui entre humour et fragilité. « On veut tous être pompier ou cowboy étant petit. Puis, en grandissant, on se résigne » dira l’interessé. Cow-boy, c’est juste l’histoire d’un mec qui ne se résigne pas.
 
J.D.

Publié dans MON CINEMA

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